Par Samy JERRARI
Nous avons la chance de pouvoir nous exprimer dans une tribune de ce quotidien. Une mise au point en guise d’introduction me paraît des plus judicieuses. En effet, on colporte autour du chien moult légendes, et il en va de même concernant ceux qui l’aiment, réellement.
Nous, les personnes qui aimons les animaux. Nous, qu’on prend pour des illuminés, des personnes en manque de ce quelque chose et projetant cette lacune dans un amour incommensurable pour les bêtes. Préférant aider des êtres à fourrure au lieu d’aider nos frères les humains. Membres ou à la tête d’associations de protection d’animaux, avec dans notre baluchon toutes les solutions à tous les maux, et des animaux et des problèmes qu’ils engendrent à ceux qui ont daigné les adopter. Tant de questions que nous traiterons les prochaines semaines.
Entre autres légendes, il y a bien sûr que les chiens de race sont intelligents, leur parler en français ou dans une autre langue noble pour se faire comprendre, que le chien mord, que le chien de rue, dit «arabe» sent mauvais, alors que les autres non. Que le chien n’a pas besoin de sortir pour faire ses besoins et se vider la tête. Que, si un chien n’apprend pas à faire ses besoins, c’est qu’il est… bête. J’en passe et des meilleures. Je n’ai pas d’explication à tout cela, juste des hypothèses. Quiconque désireux de critiquer dans le respect est bienvenu. Mes hypothèses dans les tribunes à venir seront étayées par une réflexion que j’espère logique et mieux encore, par des recherches sérieuses.
Je parle pour moi, bien sûr. Et la première légende à laquelle je veux tordre le cou est que «le chien est impur, c’est le Coran qui le dit, les Hadiths disent qu’il est détesté», et autres….
El Boukhari rapportait des dires du Prophète totalement différents («Qui garde un chien chez lui diminuera chaque jour d’un «Qirat», à moins qu’il ne soit un chien gardant une ferme ou un troupeau». Abou Houraïra rapporte une autre version («…ou chien de chasse»). Quant à Abdallah Ibn Moughaffel, il rapporte que le Prophète aurait ordonné de tuer tous les chiens, autorisant d’épargner le chien de chasse et le chien du berger. L’Imam Ibn Hadja, lui, cite l’Imam Ibn Abdel Barr : «D’après ce Hadith, la possession est abhorrée si aucune nécessité car il effraie les gens et l’entrée des Anges». L’Imam Al Badji : «Pour la chasse, pour tuer les animaux sauvages qui attaquent les troupeaux et non pour la garde ou protéger les gens des voleurs, car il n’est pas permis de blesser ou tuer le voleur».
Que de théories, que d’interprétations, et les amoureux des animaux ne partent pas avantagés. Qu’importe. Ce ne sont que des théories et Dieu sait plus (Allahou a3lem). L’Islam, de plus, est une religion qui vit avec son temps. Encore une fois, je ne sacrifierai pas au ultracrépidarianisme, dont nos contrées sont familières. L’Islam est une religion où on peut exprimer son interprétation. Et c’est à dessein que je prends comme argument un Hadith apocryphe du Prophète : «Cherchez la science, même en Chine». Et si elle avait une origine, de quelque part? Exhortation à s’efforcer d’étudier, afin d’être capable de «Tafsir» et non «Taqlid»? Pourquoi demander uniquement lorsque cela nous arrange, alors que la réponse est juste là, devant nos yeux ? Jusqu’à aujourd’hui, personne n’est arrivé à me prouver l’impureté du chien car pas possible. En effet, comme montré précédemment, les versions sont nombreuses. Alors, pourquoi ne pas se cultiver, à l’ère où le Savoir est le plus démocratisé, où un simple téléphone nous offre la possibilité de transporter des encyclopédies entières de différentes écoles ? Ou doit-on seulement faire dans le Ta9lid ?
Et, tant qu’à être des «suivants imitateurs», alors, pourquoi ne pas nous diriger vers l’action des musulmans soufis… miséricordieuse et réaliste ? A l’instar de ce que se veut l’Islam. Comme en Turquie. Où les animaux vivent, vaccinés et stérilisés. Proches des humains… humains ! Nourris par tout un chacun. Ne faisant peur à personne. Parce qu’il faut savoir que le chien ne mord pas ! Le chien pince, après avoir «prévenu», dans son propre langage. Et, au risque de me faire conspuer, le chien ne sait pas… mordre ! Je m’explique : le mordant s’apprend, il y a certes des chiens qui savent faire cela génétiquement, mais la plupart sont bienveillants, oui !
Mais je m’éloigne… Je terminerai mon propos en ouvrant le débat, non en insultant la sagacité de nos lecteurs (que j’espère chaque jour de plus en plus nombreux !), leur donnant la définition de l’Islam soufi, nous avons, pour la plupart ce petit rectangle de quelques centaines de grammes capable de nous ouvrir au monde et à un peu plus de Savoir et de critique constructive.